Deux textes ont été lus au cours de la marche pour la fermeture des abattoirs du 2 juin 2012. Le premier a été lu devant les anciens abattoirs de Vaugirard au début de la marche. Le second a été lu place St Michel à la fin de la marche.
Texte lu devant les anciens abattoirs de Vaugirard
« L’enfer n’existe pas pour les animaux, ils y sont déjà » écrivait Victor Hugo.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour appeler à les sortir de cet enfer, du moins pour la partie qui est de la responsabilité des êtres humains.
Ensemble, faisons fleurir un printemps animaliste et finissons-en avec l’enfer que nous avons fait de leurs vies.
Nous sommes rassemblés aujourd’hui sur le site symbolique des anciens abattoirs de Vaugirard pour dénoncer l'iniquité et la cruauté de nos pratiques alimentaires basées sur la consommation des animaux.
Ici même, en 1949, le cinéaste Georges Franju a filmé la triste réalité de leur mise à mort dans un documentaire intitulé « Le Sang des Bêtes ». De sa première visite il dira plus tard :
« Quand je suis allé la première fois là dedans, je suis rentré chez moi, j'ai pleuré pendant deux jours, j'ai caché tous les couteaux, j'avais envie de mourir. »
Les consommateurs de chair, lait ou œufs que nous sommes, ou que avons été, n’aiment pas penser à ce qui s’est passé en amont pour que ces produits arrivent dans nos assiettes. J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature, notait à ce propos dans une interview donnée en 2007 :
« La grande majorité des gens […] se sentent un peu mal à l’aise, un peu nauséeux, quand ils pensent à ce qui se passe dans les élevages et les abattoirs. Alors ils organisent leurs vies de façon à penser le moins possible aux élevages et aux abattoirs, et font de leur mieux pour que leurs enfants restent dans l’ignorance, car les enfants ont le cœur tendre et peuvent être facilement émus. »
Mais pendant que nous détournons le regard, les animaux eux, continuent à vivre l’enfer, à cause de nous.
Pendant que nous nous abritons derrière des arguties visant à faire croire qu’ingurgiter le corps d’autrui serait légitime, normal, naturel ou nécessaire… les animaux eux continuent à vivre l’enfer, à cause de nous.
Il est temps de déconstruire l’idéologie carniste qui sécrète depuis des siècles ces arguties criminelles, et qui est aujourd’hui savamment entretenue par les industries d’exploitation animale.
Il est temps de contester la primauté du moindre désir humain, de la moindre mauvaise habitude acquise, sur l’intérêt des animaux à jouir du seul bien qu’ils possèdent : leur propre vie.
Nulle pratique humaine ne cause plus de souffrance et de morts que l'élevage et la pêche.
Chaque année dans le monde, plus de 60 milliards d'animaux terrestres ainsi abattus pour leur chair auxquels viennent s'ajouter des centaines de milliards d’animaux issus des élevages aquacoles, et des centaines de milliards de poissons arrachés aux lacs rivières et océans. Nous avons ici une pensée pour Paul Watson, qui a tant fait pour défendre certains habitants des mers, et qui après un récent séjour en prison est aujourd’hui menacé d’extradition vers le Costa Rica.
Quelle justification éthique pouvons nous trouver a tous ces meurtres alimentaires ? À ces gorges tranchées, ces poissons asphyxiés ? Aucune si ce n'est le plaisir égoïste de satisfaire nos papilles au mépris de la vie des animaux et du coût écologique que représentent de plus leur consommation. Un coût écologique pour nous mais aussi pour eux. Car la Terre est notre maison commune.
De même que le monde n'est pas une marchandise, les animaux ne sont pas des produits destinés à notre usage. Ce sont des êtres sentients, capables d'émotions, de sentiments, de connaissance, de raison, et nous avons à travers eux d'autres mondes à découvrir.
Il est temps de procéder à une révolution éthique et d'inclure définitivement l'animal dans notre sphère de considération morale.
La réflexion critique sur ce qu'implique l'usage alimentaire des animaux est engagée depuis l'Antiquité. Avec l’industrialisation de l’élevage et de la pêche, elle est plus que jamais d’actualité.
Faisons qu’elle grandisse et s’incarne dans le réel. Cette stèle que nous allons maintenant dévoiler est un acte de mémoire, mais surtout un engagement tourné vers l’avenir. Elle est la marque de notre volonté de nourrir le débat public, citoyen, sur ce qui est dû aux animaux. Jusqu’à ce que cesse de couler le sang des bêtes.
En posant cette stèle aujourd'hui, nous voulons rendre hommage a ces milliers de chevaux, de vaches, de bœufs, de moutons, abattus ici, à Vaugirard, entre 1898 et 1976.
Dans la frayeur et l'épouvante, combien ont voulu s'échapper, pressentant leur sort funeste ?
Mais rien n'a arrêté leurs bourreaux, ni leurs cris affolés, ni leurs yeux désespérés, ni la vue du sang versé.
Rien n'a ému ceux qui, plus tard, les ont découpés et engloutis, ont digéré leur agonie et fait de leurs estomacs leur cimetière.
En posant cette stèle, nous pensons aussi a ces milliards d'animaux abattus ailleurs, aujourd’hui et demain, sur terre et dans les mers.
Nous pensons à ces myriades de poissons qui ne crient pas, mais se débattent des heures et des jours durant, piégés dans les filets, avant de suffoquer interminablement sur le pont des navires.
Alors, comme Martin Luther King hier, nous avons nous aussi un rêve : celui de voir un jour cesser ce cauchemar carnivore.
Nous avons le rêve de voir la question animale devenir une question sociétale et politique centrale.
Nous avons le rêve d'un monde ou les subventions ne seraient plus accordées à ces industries de mort que sont l'élevage et la pêche, mais destinées à la reconversion des travailleurs qu’elles emploient aujourd’hui. Pour qu’eux aussi sortent de ce cauchemar.
Nous avons le rêve d'un monde où humains et non humains cohabiteraient en paix dans une fraternité nouvelle.
Un monde où les animaux ne seraient plus considérés comme des marchandises ou de la viande sur pattes.
Un monde où l'exploitation et le meurtre des animaux seraient enfin devenu illégaux comme l'avaient imaginé Voltaire dans La princesse de Babylone ou bien encore Tolstoï, Louise Michel et Léonard de Vinci pour ne citer qu'eux.
Un monde enfin ou les animaux seraient respectés et regardés comme les merveilles qu'ils n'ont jamais cessé d'être.
C'est vers ce monde nouveau que nous sommes aujourd’hui en marche.
Il est grand temps d'abolir nos privilèges humains et de rendre aux animaux la justice que nous leur devons.
Faisons de nos rêves une réalité.
Stoppons l’élevage et la pêche.
Fermons tous les abattoirs.
Texte lu place St Michel
Chaque année, des centaines de milliards d'animaux, terrestres et aquatiques, souffrent et meurent inutilement pour nourrir les humains.
Pourquoi inutilement ?
Car il n'est pas nécessaire de manger des animaux pour vivre et être en bonne santé.
L'évolution des comportements alimentaires est inéluctable...
Pourquoi inéluctable ?
Car nous ne pouvons pas continuer ainsi.
La chasse, la pêche, l’élevage et l’abattage des animaux ne sont pas éthiquement défendables.
Le fait de manger un être de chair n’est pas un acte banal d’alimentation.
C'est la prise de possession sur la vie d’autrui et son anéantissement.
L'humain ne peut pas continuer à tuer. Il doit cesser de faire couler le sang.
Il est temps de sortir notre pays de sa gastronomie sanguinolente et de proposer des plats verdoyants de bonheur.
Il est temps de sortir le monde de ce déluge de sang versé sans nécessité.
A quand la fin de la faim de viande ?
Aujourd’hui, les animaux sont des exilés sur leur propre terre et nous leur faisons vivre des conditions d'existences effroyables.
Fermons les abattoirs.
Nous réclamons les droits des oubliés, des maltraités.
Nous réclamons les droits des silencieux, des innocents.
Comment ne pas se rendre compte que leur destin est lié au nôtre ?
Nous lançons ici l'appel du 2 juin :
Un appel à la fin de l'injustice, de la barbarie, de l'inutile mort ;
Un appel à la fin des abattoirs, terrestres et flottants.
A nos sœurs et frères animaux, à nos colocataires de ciel, terre et mer.
A quand votre liberté d'exister ? A quand le respect de votre territoire ?
A quand le temps du respect de la vie de l'autre ?
Nous avons un rêve…
Le rêve qu'un jour, aucun être vivant ne puisse avoir peur de mourir sous nos couteaux.
Le rêve qu'un jour, aucun humain n'exerce sa domination sur une autre espèce.
Le rêve qu'un jour, la non violence règne enfin sur cette terre.
Nous nourrissons l'espoir qu'un jour, sur aucun continent, dans aucun pays, dans aucune ville, dans aucune maison, des humains ne fassent couler le sang d'un être de chair.
Le changement est possible si nous le construisons ensemble.
Nous nous adressons à chacun d'entre vous.
Nous en appelons à votre sensibilité, à votre bonté, à votre compassion, à votre raison.
Nous vous parlons de nous et de notre position sur terre.
Nous vous parlons de nous et de notre domination injuste et cruelle sur d'autres espèces.
Nous vous parlons de notre avenir, et d'une vision du monde différente.
Nous faisons un appel à votre humilité… à votre empathie.
Rejoignez nous et œuvrer pour la fin d'une injustice sanglante.
Rejoignez nous et œuvrer pour qu'un jour joyeux mette fin à la captivité et aux abattoirs.
Gandhi, végétarien, philosophe, avocat et politicien indien, père de l'indépendance de l'inde, issu d'une famille végétarienne depuis toujours par tradition hindouiste. En vient à défendre le végétarisme pour des raisons morales. Il intégra à sa réflexion le statut morale des animaux dans sa philosophie de non violence active et de compassion. Il étendra le devoir de protection des vaches à tous les animaux.
Il déclara :
« Le meurtre d'une vache et le meurtre d'un homme sont les deux cotés d'une même médaille. La vache est un poème de compassion. Quand je vois une vache, je ne vois pas un animal qui doit être mangé. […]
Je crois à la protection de la vache dans un sens beaucoup plus large que celui qu'on lui donne actuellement. La protection de la vache n’est pas simplement la protection de la vache. C'est la protection de toute vie, de tout ce qui est dans le monde faible et impuissant. »
Inspirons-nous de cet exemple de non violence active et de compassion étendue à tous les êtres sensibles.
Nous ne pouvons pas rester muets devant les cris d'angoisse. Nous ne pouvons pas rester insensibles devant la souffrance. Nous ne pouvons pas rester inactifs devant un meurtre.
Pour toute ces raisons. Nous demandons la fermeture de tous les abattoirs.
Lieu d'angoisse, de souffrance et de mort.
Margaret Mead, philosophe et anthropologue américaine disait :
« Ne doutez jamais qu'un petit groupe d'individus conscients et engagés puisse changer le monde. »
Venez nous rejoindre. Ensemble, nous changerons le monde.
Les abattoirs fermeront.